Le 11 août 1939, Jean Bugatti essaie, de nuit sur une Nationale près de Molsheim, le Type 57 qui vient de remporter les 24 Heures du Mans. Excellent conducteur, Jean fait office de pilote d’essai. La route est fermée par des collaborateurs de l’usine, et par son frère cadet, Roland… sauf qu’un cycliste jaillit d’un chemin de traverse. Écart de Jean, à 200 km/h. Sortie de route. Jean est tué sur le coup. Il avait 30 ans. Vingt et un jours plus tard, la Seconde Guerre mondiale éclate… L’entreprise Bugatti ne se remettra jamais de la disparition de Jean et de la Guerre. Ettore meurt en 1947, à l’âge de 66 ans. Il meurt à l'hôpital américain de Neuilly, d'une suite d'une pneumonie.
En 1951, le fils cadet d’Ettore, Roland, 25 ans, tente de relancer la Marque avec un collaborateur historique de l’usine, l’ancien pilote Pierre Marco. Ils présentent le Type 101, en berline, coupé et cabriolet. En réalité, c’est un châssis de 57 d’avant-guerre, rhabillé pour l’occasion. Les temps ont changé. Et le génie n’y est pas. Trop chers et techniquement dépassés, seuls six Types 101 et 102 seront vendus. Ultime tentative de Roland Bugatti et de Pierre Marco de faire revivre la Marque, en 1956 : une voiture de Grand Prix, à moteur 8 cylindres transversal à l’arrière, le Type 251. La mécanique est belle, mais la mise au point aléatoire et la tenue de route déplorable. C’est l’échec. En 1956, la Marque est vendue à Hispano-Suiza. L’usine de Molsheim se spécialise dans la fabrication de pièces pour l’aviation.
Du vivant d’Ettore et de Jean, environ 8.000 Bugatti ont été construites à Molsheim. 2.000 d’entre elles auraient survécu à travers le monde, dont bon nombre se trouvent aux Etats-Unis. Pourtant, l’histoire ne s’arrête pas là…
En 1987, un industriel italien, Romano Artioli, achète la marque, construit une usine ultramoderne prés de Modène (Italie), et fait appel aux meilleurs ingénieurs pour concevoir l’EB 110, une voiture de sport extrême, équipée d’un moteur 12 cylindres de 3,5 litres, à quatre roues motrices (Voir l’historique complet sur
The Bugatti EB110 Registry
). Malgré un accueil international favorable et malgré la qualité de la voiture, « l’aventure Artioli » s’achève en 1997. Un an plus tard, la marque Bugatti est rachetée par le Groupe Volkswagen qui lance la
Veyron
, du nom d’un ancien pilote de la Marque, avec l’ambition de proposer la plus extrême des « supercars ». Avec son moteur 16 cylindres en W de 8 litres, ses 1001 chevaux et dépassant les 400 km/h, la Veyron est la plus performante et la plus chère des voitures actuelles. Même si c’est une autre histoire, des Bugatti sortent à nouveau d’une usine installée à Molsheim.
Vive la Marque !